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Du 26 janvier au 7 février derniers, 26 pèlerins périgourdins se sont rendus en Inde, sur les traces de Saint Thomas, Saint François-Xavier et Saint Ignace de Loyola… Témoignage d’un périple forcément marquant…

Le 26 janvier 2015, un groupe de 26 pèlerins périgourdins débarquait au petit matin sur le sous-continent indien, vaste pays six fois plus grand que la France et peuplé de plus d’un milliard d’habitants (1 280 000 000).

Inde (49)Goa CathédraleAvec la ville de Chennai (anciennement Madras) comme point de départ, nous allions parcourir quelques milliers de kilomètres à travers le sud de l’Inde et découvrir les états du Tamil Nadu, Kerala et Goa, et les villes mythiques de Pondichéry, Tanjore, Madurai, Cochin, Goa. Une partie de ce voyage se faisant en train, ce fut un peu épique : en fait une petite aventure de quinze heures dans un train du Far West. Ce long périple allait nous révéler les richesses exceptionnelles d’un vaste patrimoine civil et religieux, une grande diversité de paysages et la vie de tous les jours dans les villes et campagnes.

Mais le but premier de notre voyage était d’aller à la rencontre des communautés chrétiennes installées en Inde depuis fort longtemps et toujours très vivantes.

L’apôtre Saint Thomas est venu dès le 1er siècle de notre ère évangéliser Madras, et ce sont ensuite les Franciscains, et Saint François Xavier, disciple de Saint Ignace de Loyola au XVIème, qui ont répandu la foi catholique dans l’état portugais de Goa.

De nombreuses religions coexistent en Inde mais l’hindouisme, avec ses 80% de fidèles, domine le tissu religieux, coexistant avec les musulmans 13 % et les chrétiens 2.34 % (ça fait quand même 26 millions de chrétiens).

Les chrétiens catholiques de rite latin et syro-malabar (rite chaldéen, celui d’origine de l’apôtre Saint Thomas) – présents en particulier dans l’État du Kerala dont 25% de la population est chrétienne – représentent à eux seuls 17 millions (sur les 26 millions de chrétiens), dont 80 % sont pratiquants, ce qui est assez remarquable. Ces églises se répartissent en 164 diocèses et les vocations ne faiblissent pas.

La solide implantation de l’église catholique repose sur le principe de la construction d’une église auprès de laquelle on implante systématiquement une école et/ou une institution de services sociaux (orphelinats, hôpitaux, dispensaires, maisons de retraite ou d’handicapés, etc.). Cette méthode explique la vitalité toujours actuelle de l’église catholique.

Inde (47)Goa Bas.Bom JesusÀ chacune de nos étapes, la messe célébrée par nos prêtres les abbés Thomas Magimel, Alain Poulter et Jérôme Ribéreau-Gayon, nous permettait de faire des rencontres et de prier avec nos frères indiens comme ce fut le cas à Madurai (une des plus anciennes cités de l’Inde) où la messe animée par la communauté locale tamoule fut un moment fort de notre pèlerinage.

Mais tout n’est pas idyllique dans ce pays où les persécutions contre les chrétiens sont toujours d’actualité et où les églises brûlées ne se comptent plus.

Mais quelle que soit la religion pratiquée, ce qui frappe le plus est la ferveur religieuse de ce peuple. Les temples, plus majestueux les uns que les autres, semblent éternels et ne désemplissent pas. On vient de loin admirer leurs hautes tours et leurs murs ornés d’innombrables statues de dieux, déesses, démons ou héros et autres animaux emblématiques. Ces temples sont de véritables livres à ciel ouvert mais leur lecture n’est pas toujours évidente pour les profanes, heureusement notre guide était là pour nous éclairer !

Il est réjouissant de voir des foules nombreuses se presser dans ces lieux et tout particulièrement les élèves des écoles et lycées, impeccables dans leurs uniformes très « british », et sûrement fiers d’un tel patrimoine dont une partie est classée par l’UNESCO.

Toutes les villes indiennes ne se ressemblent pas mais elles ont des points communs. Les rues sont bruyantes, la circulation très dense tout au long de la journée et les véhicules et motards sans casque ne cessent de klaxonner… On roule à gauche, il faut s’habituer à traverser la rue au bon moment ce qui n’est pas évident !

Nous découvrons aussi la pauvreté le long des rues sales, poussiéreuses et sans trottoirs où s’alignent d’étroites échoppes abritant quantité de petits métiers. C’est une vraie fourmilière, tout le monde s’active. Les étalages de fruits et légumes, et guirlandes de fleurs destinées aux offrandes dans les temples attirent nos regards. Les vaches se promènent tranquillement et les chiens errent tristement, les petits enfants vont pieds nus à l’école maternelle.

Chez les pêcheurs au bord des plages, la vie est difficile mais les enfants sont gais et souriants et semblent apprécier notre visite. Leurs maisons sont faites « de bric et de broc » et les moustiques rôdent autour de nous… L’évacuation des ordures n’existe pas et les eaux sont pleines de déchets, des familles entières vivent à côté… Quelle est leur espérance de vie ?

Dans tout le sud de l’Inde, les femmes portent encore le sari. C’est un vrai festival de couleurs éclatantes qui nous enchante. Il paraît que certaines en ont jusqu’à 40.

Inde (27)De toutes les villes visitées dans le Sud, Pondichéry et Cochin restent à part. Toutes les deux dégagent beaucoup de charme et une certaine nostalgie. L’ancien quartier français de Pondichéry a l’air endormi aujourd’hui mais on ne se lasse pas de parcourir ses belles avenues bordées d’arbres séculaires, ses bâtiments d’époque coloniale, son jardin botanique, sa cathédrale en bord de mer, la statue de Dupleix* (déplacée pour laisser place à Gandhi). De même la ville de Cochin et son quartier historique de Fort Cochin admirablement situé attire beaucoup de voyageurs. C’est un lieu calme un peu à l’écart avec sa belle église franciscaine de St François du XVIème siècle, sa synagogue de la même époque au sol recouvert de magnifiques carreaux de faïence bleue peints à la main en Chine. Pour les protéger, on doit se déchausser à l’entrée, comme on le fait régulièrement dans les temples et les églises indiennes.

À la campagne, dans l’État du Kerala, la vie semble plus facile et le niveau de vie plus élevé. La nature luxuriante et généreuse permet de se nourrir sans doute mieux qu’en ville et l’eau est partout.

Les femmes en saris travaillent dans les rizières (jusqu’à 3 récoltes par an) qui couvrent de grandes surfaces et les champs bien délimités sont entretenus avec soin. Les plantations de thé bien taillées ressemblent de loin à nos buis du Périgord. On ne se lasse pas de les contempler. C’est aussi la région des épices multiples et variées que nous avons consommées avec plus ou moins de bonheur tout au long de nos pérégrinations.

Le travail se fait à la main, on voit peu d’engins agricoles mais la main d’œuvre est abondante et le salaire plus élevé dans cet état que dans le reste de l’Inde. Dans ces régions, les maisons de villages sont mieux construites et bien entretenues.

Inde (34)Ce n’est qu’un portrait partiel de cette Inde du Sud très attachante par sa population accueillante, souriante et désireuse d’entrer en contact avec notre groupe qui lui-même appréciait et recherchait ces contacts spontanés.

Nous avons toujours été agréablement accueillis dans les institutions visitées (deux centres de réhabilitation) et les églises mises à notre disposition.

Ce voyage nous a ouvert de larges horizons et enrichi nos esprits. Nous en revenons un peu changés malgré tout et souhaitons repartir et aller toujours plus loin dans les découvertes avec un groupe aussi sympathique que fût le nôtre.

Jacqueline

Publié dans Église en Périgord N°5 – le 7 mars 2015