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Remontons d’abord quelque peu le temps : lors d’un passage à Conques pour la St Sylvestre en 2014, l’hospitalière qui nous a accueillis a déployé beaucoup d’énergie pour me convaincre de partir sur le Chemin.
Peine perdue, pensais je, elle ne connait pas mes problèmes de santé et ma condition physique .

Cependant je savais que ce serait un vrai bonheur pour Bernard, et que si nous devions arrêter très vite, il serait quand même heureux d’avoir essayé. L’idée était en germe; le Seigneur ne devait pas être « étranger  » à la proposition, car j’ai commencé à organiser ce départ et le 30 mai suivant, nous prenions le train , chaussures de marche aux pieds et sac sur le dos , pour le Puy en Velay. Nous avons quitté le Puy le 1er juin et le 11 nous arrivions à Conques, débordant de gratitude pour le Seigneur qui nous avait offert ce parcours que, sans sa sollicitude toute maternelle , je n’aurais pas pu effectuer.

Nous projetions en 2016 de poursuivre une partie du chemin à partir de Conques, mais mes problèmes de santé ne l’ont pas permis. Les années passant, le rêve d’aller jusqu’à St Jacques s’estompait .
Une chose est sure, lorsque le Seigneur veut faire des cadeaux, Il propose. Ainsi fin 2016 nous avons découvert, avec le Service des Pèlerinages du Diocèse, la possibilité d’aller de St Jean Pied de Port à St Jacques de Compostelle en 11 jours et en 8 jours de marche, le reste se faisant en car. Espérant que ce serait dans mes possibilités physiques, enthousiastes, nous nous sommes inscrits et, malgré une blessure à un pied dont j’ai souffert 5 semaines avant le départ, le 8 mai nous partions .

Et maintenant, voilà plus d’une semaine qui s’est écoulée depuis notre retour de pèlerinage, et nous ne sommes toujours pas en phase avec ce que nous avions prévu et programmé pour notre retour. Les faits sont là , il y a un avant et un après. Nous sommes surpris car nous n’avions pas ressenti cela avec une telle intensité au retour de notre marche de 12 jours entre Le Puy et Conques en 2015 .
Cela nous a amené à réfléchir.

Il y a 2 ans, nous nous sommes « débrouillés » seuls; gérer le côté matériel nous a limité dans la démarche spirituelle, et la rareté des célébrations de messe a provoqué une frustration certaine .
Cette fois ci, tout était parfaitement organisé . Matériellement, nous étions totalement pris en charge par le duo Marie-Agnès/Alain d’une efficacité et d’une attention très fraternelle.
Je dois aussi mentionner David qui nous a apporté bien plus que ce que l’on attend habituellement d’un chauffeur.

Sur le plan spirituel , le Père Nicolas Jean-Luc , nous a nourris quotidiennement de la Parole , de l’Eucharistie et a guidé notre méditation avec ferveur et une grande générosité.
Les efforts de ce groupe ont fait que nous, pèlerins, n’avions plus qu’à vivre le moment présent. Nous avons ainsi pu nous mettre à l’unisson de nos compagnons de route formant, comme l’a dit un jour une des personne, une « petite Eglise en marche », et nous livrer à la contemplation de la nature, c’est à dire de la Création et donc du Créateur. Parenthèse bénie dans une vie habituellement trop agitée où nous sommes
toujours dans l’anticipation . Or, seul l’instant que nous vivons existe, c’est donc là que le Seigneur qui nous y attend peut nous éclairer; dans la confiance, nous nous ouvrons à sa Présence en nous pour un cœur à cœur jubilatoire qu’Il nous propose .

Ces quelques jours passés ensemble nous ont permis de passer d’une intuition de cela à un vécu , c’est donc quelque chose de très fort qui s’est produit , et nous sommes revenus différents de qui nous étions.
Aucune nostalgie de ces moments privilégiés, mais une profonde gratitude pour ce que nous avons vécu , ce que nous avons partagé, ce que nous avons reçu et cette suite du chemin que nous entamons .
Dans la joie d’avoir cheminé avec vous et l’espérance de vous rencontrer à nouveau, nous vous disons merci et confions chacune et chacun de vous à la bénédiction du Seigneur .

Mireille et Bernard .